Un écosystème au service du design de produit

Par le rôle qu’ils ont joué dans la création de produits de grande consommation, les designers de la seconde moitié du XXè siècle ont dessiné les contours d’un esthétisme industriel moderne. Parmi eux, les Scandinaves font figure de pionniers dans l’intégration du design. Le design à la française va lui jusqu’à participer aujourd’hui à différents chantiers de politique publique dans des collectivités territoriales. Cela se passe à la 27ème Région, à Paris. Sur la base d’une méthode recherche-action, l’équipe de cette association travaille depuis une dizaine d’années avec des acteurs pluridisciplinaires, dont des designers, afin de réfléchir à des problématiques locales. Dernière initiative en date, la création le 8 juillet dernier du Conservatoire du Design et de la Marque, une association qui vise à promouvoir et valoriser le design à la française. Il s'appuie sur les fonds d'archives de l'Institut Français du Design - à l’origine des célèbres labels « Janus » - et ceux collectés auprès des designers et des agences de design.

Plus près de nous, pour répondre aux besoins du secteur industriel régional, l’Ecole supérieure des technologies industrielles avancées (Estia) de Bidart et l’Ecole supérieure de design des Landes (ESDL), installée à Mont-de-Marsan, sont à l’initiative d’une synergie territoriale originale. Elles lanceront en commun dès la rentrée prochaine un nouveau bachelor de « designer concepteur industriel », une formation qui se déroulera sur les deux sites avec des classes connectées et des enseignements à distance en temps réel. Ce bachelor ouvrira les portes aux masters des deux écoles. 

L’entrée de l’Estia et d’Izarbel dans l’univers du design enrichit aujourd’hui un peu plus l’écosystème technopolitain basque dédié à la filière. A Saint-Jean-de-Luz, depuis novembre dernier, la pépinière d’entreprises Créaluz accueille un atelier, composé de machines, d’équipements et d’outillages, destiné aux porteurs de projets. « Nous mettons à leur disposition un outil pertinent de prototypage, détaille sa responsable Aline Fresier. Pour cela, nous les formons à utiliser les machines. Les designers produit peuvent ainsi fabriquer plusieurs prototypes et, très rapidement, les mettre en test afin de bénéficier du retour de leurs futurs clients. Le développement du produit est optimisé et accéléré. »

La force du designer réside dans sa capacité à placer l’usage du produit au centre de son processus de développement. « Nous avons une vision globale du design produit, depuis la stratégie, l’ergonomie, l’identité, l’expérience utilisateur, en passant par les matériaux, la conception mécanique, jusqu’à la mise au point d’un produit mature et industriel », explique le directeur d’Outercraft Florian Auger. Cette agence de design produit spécialisée en innovation a trouvé sur le site technopolitain de Technocité le cadre idéal à son développement.

« Nous travaillons avec la plateforme Compositadour sur la mutualisation de moyens, poursuit Florian Auger. Il existe ici une vraie dynamique avec les autres entreprises, qui sont à des niveaux de maturité similaires. Et nous avons plusieurs clients dans la zone, notamment Dab Motors, un fabricant de motos haut de gamme. » Décathlon (planches de surf), Voltaire (selles d’équitation), Zodiac Nautic (bateaux pneumatiques) et Technoflex (dispositifs médicaux) comptent parmi les autres entreprises qui font appel aux compétences de l’équipe d’Outercraft.

Un jeune porteur de projet symbolise parfaitement la réussite de l’écosystème technopolitain autour du design de produit. Fraîchement diplômé de l’UPPA avec le statut national étudiant-entrepreneur, Antonin Laurent, 23 ans, a développé LookUp, un support d’ordinateur nomade écoconçu (à partir de bois recyclé) et destiné à améliorer la posture de son utilisateur. D’abord accompagné par le Hub d’Estia Entreprendre, puis lauréat régional des « Entrep’ 2019 », il a reçu en janvier dernier le prix « Innovation » remis par le site technopolitain Arkinova lors du Winter Camp Entrepreneuriat. Sa récompense ? Un an d’accompagnement à l’atelier de prototypage de Créaluz.

« C’était ce qui me manquait pour accélérer le développement de mon produit, confie Antonin Laurent. J’y ai testé différents prototypes grâce à la découpe laser et la machine à coudre pour réaliser les charnières en cuir de mon support d’ordinateur. Mais j’ai ensuite très vite constaté les limites de mes compétences en design. J’avais besoin de l’aide de professionnels. J’ai alors tapé à la porte d’Outercraft, qui m’a accompagné dans la réalisation du produit fini et utilisable. » Notre jeune entrepreneur commercialisera dès septembre ses premiers modèles, tout en poursuivant ses recherches de nouvelles ressources en bois. Il songe désormais à recruter des collaborateurs grâce à une bourse délivrée par l’UPPA. « Le produit fonctionne, se félicite-t-il. Cela va donc me permettre de développer de nouvelles gammes et proposer un catalogue aux entreprises. »