« Une démarche très adaptée au territoire et à ses acteurs »

La démarche Bâtiment Durable pose ses fondations dans notre région. Lancée officiellement le 15 janvier par Odéys, le cluster de la construction et de l’aménagement durables, la démarche Bâtiment Durable en Nouvelle-Aquitaine (BDNA) est un outil pédagogique d’accompagnement et d’évaluation par les pairs pour construire ou rénover un bâtiment ou un quartier, simplement et durablement. Une démarche d’abord initiée en 2008 en région Provence-Alpes-Côte d’Azur par EnvirobatBDM, puis en Occitanie en 2015 avec Envirobat Occitanie et en Ile-de-France en 2019 par Ekopolis. Aujourd’hui, quelque 670 projets sont accompagnés sur ces territoires.

Christine Lecerf, gérante d’Ailter, l’agence d’ingénierie en construction éco-responsable installée au Générateur d’Ativités Arkinova, a participé à la démarche francilienne et s’engage aujourd’hui au côté de sa « petite sœur » de Nouvelle-Aquitaine. « La démarche BDNA est un outil de dialogue entre les acteurs d’un projet, entre la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre, explique cette experte auprès du cluster Odéys. Il permet de faire bloc autour de valeurs communes pour construire ensemble. C’est une démarche très appropriable parce qu’elle est relativement simple, très adaptée au territoire et à ses acteurs. C’est aussi une démarche dans laquelle il y a de la liberté : les porteurs de projet peuvent choisir ce qui leur paraît le plus pertinent pour leurs opérations ! Et c’est l’une des premières démarches environnementales dont s’emparent les architectes. » 

Une démarche innovante

Toutes les étapes du projet sont assistées d’un guide méthodologique et évaluées grâce à une grille qui prend en compte les spécificités d’un territoire et de son climat sur les aspects environnementaux, sociaux et économiques. Ce qui fait de BNDA une démarche unique et innovante pour Christine Lecerf : « L’évaluation a lieu à la fois au moment de la phase de conception, au niveau de l’avant-projet détaillé et du permis de construire, au moment de la réalisation, une fois que l’opération est livrée, mais aussi en exploitation, au bout de deux ans de vie du bâtiment. Cela permet de voir comment ça marche. Le bâtiment est-il fidèle aux prédictions de consommation ? Est-il vraiment confortable en été ? Comment les usagers s’en emparent ? Un retour d’expérience très intéressant qui permet d’optimiser les projets suivants et de faire monter en compétence les acteurs du territoire. » 

La démarche se distingue également par son travail collaboratif. Un « accompagnateur » - un professionnel expérimenté - suit le projet de bout en bout et fait le lien avec une équipe de spécialistes bénévoles qui vient au côté de l’équipe du projet pour l’aider à optimiser son opération sur les enjeux de développement durable. « Cela peut concerner de toutes petites opérations, comme des maisons individuelles, jusqu’à de beaucoup plus importantes, un hôpital par exemple », précise l’ingénieure designer.

Intelligence collective et bienveillance

Autre étape spécifique de la démarche, qui se distingue par sa transparence et sa souplesse, la validation finale du niveau de performance est effectuée par une commission interprofessionnelle publique, réunie par le cluster Odéys. Il s’agit de journées ou demi-journées au cours desquelles les porteurs de projet viennent présenter leur opération et sont évalués par des professionnels du secteur, tous bénévoles. « L’évaluation porte sur les innovations du projet et sur sa cohérence durable, précise la gérante d’Ailter, c’est-à-dire comment le projet tire partie de son contexte, de son budget, avec ses contraintes, ses difficultés mais aussi ses opportunités. Ces commissions, qui se déroulent en public, servent aussi de formation et d’exemples concrets pour les professionnels qui y assistent. »

Basée sur l’intelligence collective et la bienveillance, la démarche BDNA s’appuie donc sur une évaluation par les pairs pour faire évoluer et améliorer les projets grâce aux retours d’expériences des acteurs impliqués. « Cela fait monter en compétences les équipes et monter en performance les projets, tout en suscitant de l’adhésion et de l’enthousiasme », se félicite Christine Lecerf.

Cette initiative interrégionale a pour ambition de développer la construction durable sur notre territoire, mais aussi de développer les savoir-faire et l’économie locale autour des métiers du développement durable, dans les filières matériaux, la transformation, les métiers du bâtiment, l’ingénierie…

Après Bordeaux le 27 février, et avant Poitiers, La Rochelle et Limoges les 19, 23 et 26 mars, c’est au Générateur d’activités Arkinova d’Anglet que sera présentée la démarche Bâtiment Durable Nouvelle-Aquitaine le 17 mars (1). 

(1) De 18h à 20h. Inscriptions en ligne.