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« S’inspirer des superpouvoirs de la nature"
Qu’est-ce que le biomimétisme ?
Cela consiste à s’inspirer des superpouvoirs de la nature. L’objectif du biomimétisme est de regarder comment les organismes biologiques génèrent de l’énergie, des matériaux, de la chimie, de la communication et en quoi ces façons de faire peuvent être inspirantes dans nos propres démarches d’innovation. Le vivant a 4 milliards d’années de retour d’expérience et les espèces qui sont présentes aujourd’hui ont su relever les défis auxquels l’humanité fait face, en respectant les limites de contraintes planétaires. Toute innovation devrait se faire dans le respect de ce même cahier de charges.
Comment avancez-vous sur ces questions au Ceebios ?
Nous avons une équipe pluridisciplinaire associant biologistes et ingénieurs de haut niveau pour faire le lien entre la biologie et l’ingénierie. Nous travaillons avec des départements de R&D ou des start-ups pour les aider à relever leurs défis et trouver des modèles d’intérêt.
En parallèle, nous développons dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir un moteur de recherche permettant d’explorer les données biologiques avec des critères d’ingénierie. L’idée est de compiler nos propres données avec celles de l’UPPA et du Museum national d’Histoire Naturelle pour être contributeurs de la connaissance du monde vivant, avec la volonté de transfert vers l’industrie.
Nous avons également un rôle de cartographe et d’animateur de filière, par exemple l’énergie, le bâtiment, la cosmétique, avec l’objectif d’initier des collaborations.
Enfin, nous mobilisons l’enseignement supérieur pour développer des offres de formation en France sur le sujet, ce que l’on voit émerger depuis trois ans. L’UPPA en est un pionnier, avec une formation sur les matériaux bio inspirés à Pau.
Où en est-on concrètement au niveau national et international ?
Le biomimétisme n’est pas nouveau mais on constate une forte accélération ces 30 dernières années avec la multiplication par 700 % du nombre de publications scientifiques dans les domaines de la chimie, des matériaux, des technologies de l’information et la communication… La tendance est la même sur le nombre de brevets déposés. Cette profusion s’explique par la convergence entre la donnée scientifique et l’accessibilité de la donnée autour de la connaissance du vivant.
En France, on a plus de 250 équipes de recherche engagées mais les politiques publiques ne suivent pas. Ce qu’il faut, c’est une révolution culturelle. L’homme n’est pas au sommet du vivant et a tout à en apprendre. Il faut faire preuve d’humilité face à l’extrême complexité du vivant, sa capacité à être résiliente, en équilibre avec l’écosystème. Enfin, il y a le sujet majeur de l’engagement. En biomimétisme, nous sommes sur des innovations de rupture qui nécessitent d’avoir l’esprit pionnier. Et le Pays basque fait partie de ces pionniers là.
En quoi le Pays basque est il pionnier ?
Il y a de nombreux exemples qui le prouvent. À commencer par la chaire Manta sur la chimie des matériaux bio-inspirés du monde matin, qui travaille notamment avec les Laboratoires de Biarritz. Je peux citer aussi Purenat qui développe des filtres inspirés des diatomées, ces microalgues des environnements marins, Scale qui développe des matériaux issus d’écailles de poissons, Biomimgel et son gel bio inspiré dans la santé et médical…
Au Ceebios, nous avons une convention de partenariat depuis plusieurs années avec la Communauté Pays Basque pour accompagner la diffusion du bio mimétisme, mobiliser les acteurs de l’innovation comme Nobatek-INEF ou l’UPPA avec qui nous collaborons, et enfin avancer sur le projet de pôle dédié à l’innovation issue du marin.