Dessiner le futur du numérique au Pays Basque

Sous la houlette de la Communauté Pays Basque, des acteurs du monde du numérique se sont donné rendez-vous le 12 juillet dernier à l’ESTIA, sur le site technopolitain Izarbel de Bidart, pour une journée d’échanges autour de l’avenir de la filière au Pays Basque. Son originalité ? Associer les acteurs économiques à ceux de l’enseignement supérieur et de la recherche, deux univers qui partagent nombre d’enjeux autour du numérique. Et si leur présence conjointe était aussi importante, c’est que cette journée a avant tout été l’occasion de dresser un état des lieux du numérique au Pays basque, avant de plancher sur les premières orientations stratégiques pour développer l’écosystème numérique à l’échelle du Pays Basque. D’autant que le secteur a été identifié parmi les principaux Domaines d’Actions Stratégiques (DAS) par la Communauté Pays Basque, laquelle accompagne son déploiement et à en faire l’un des fleurons de l’économie du territoire. 

 L’enjeu d’un numérique résilient et durable

Premier intervenant de cette journée, Jacques-François Marchandise, Délégué général du think tank FING (Fondation Internet Nouvelle Génération), a dressé les grands enjeux auxquels fait face le numérique aujourd’hui. Pour ce spécialiste de la transformation digitale, le numérique est à repenser sous trois angles : les nouvelles frontières de la data, les impacts du numérique sur la société et les enseignements des situations de crise. Alors que la data s’impose comme un champ d’innovation technique et économique, les données confrontent les acteurs à des enjeux politiques et juridiques forts. La data doit aujourd’hui nécessairement être gouvernable par les organisations privées et publiques et maîtrisable par les professionnels, les citoyens et les territoires.  Pour Jacques-François Marchandise, la clé réside dans la simplicité de conception afin d’assurer la soutenabilité et la durabilité du numérique. Un enjeu d’autant plus important que le numérique d’aujourd’hui n’est pas adapté au monde de demain. « Il faut passer d’un numérique subi à un numérique choisi, qui prend en compte les impacts (transition écologique, respect de la vie privée), fait preuve de sobriété et de résilience. Nous avons des marges de manœuvre considérables en la matière ». Jacques-François Marchandise alerte également sur les atouts mais aussi les écueils du numérique en temps de crise, notamment la dépendance du secteur à l’extérieur, à la complexité, aux Big tech et à l’innovation permanente. Pour construire un numérique au service des soutenabilités, le cofondateur de la FING identifie trois points d’appui : la « bricolabilité », c’est à dire un numérique réparable, perfectible et compréhensible, la « gouvernabilité », à travers un numérique au service des politiques publiques et de l’intérêt général, et enfin la « proximité », avec un numérique décentralisé qui favorise les maillages locaux. « Il faut travailler à un développement humain du numérique. Prendre en compte les enjeux éthiques, sociaux et environnementaux, c’est stimulant et motivant, ce sont aussi des marchés de demain. Il faut faire de la formation initiale sur ces thèmes ».

Développer l’offre de formation

De formation, il en a aussi été question le 12 juillet. La Communauté Pays Basque a présenté les grandes lignes du diagnostic mené par le cabinet Strasbourg Conseil et l’ADIT sur la structuration de la filière numérique en matière d’enseignement supérieur et de recherche au Pays Basque. Si l’offre d’enseignement supérieur s’est fortement développée ces dernières années, avec 17 formations initiales du BTS au Master et 7 diplômes en formation continue, le nombre de diplômés est encore insuffisant pour répondre aux besoins de la filière (0,37 diplômés pour 1 poste à pourvoir en Nouvelle Aquitaine). Le Pays Basque, avec 24 formations supérieures dans le numérique, du BTS au Bac +5, se situe au 7e rang des formations numériques classiques et au 4e rang des formations numériques au service de secteurs spécialisés, comme le BTP ou l’industrie avec notamment les écoles d’ingénieurs ISA BTP et ESTIA. Une offre de formation pointue mais encore insuffisante face à laquelle des pistes de développement émergent. Côté recherche, l’étude met en avant l’adéquation entre les axes de recherche des laboratoires (LIUPPA, SIAME, ESTIA) et les domaines d’activités stratégiques identifiés par la Communauté Pays Basque. Enfin, le tissu économique du numérique place le Pays Basque au 4e rang des EPCI de Nouvelle Aquitaine en nombre d’emplois de NA et au 2e rang en nombre d’établissements employeurs. Surtout, l’étude alerte sur la nécessité de développer la formation initiale en numérique sur le territoire, du fait de la forte croissance démographique de jeunes de moins de 20 ans attendue dans le Pays Basque ces prochaines années.  Il est également souligné que cette offre doit répondre aux besoins régionaux. Un enjeu d’autant plus important que si le Pays basque connaît une bonne dynamique de son offre de formation professionnalisante, notamment en IA, développement, analyse de données et multimédia, les besoins RH sont aussi croissants.

Un écosystème diversifié et à potentiel

Autre résultat présenté le 12 juillet : le diagnostic de la filière numérique, étude prospective inédite réalisée par la Communauté Pays Basque. Elle a permis de collecter les recommandations de 27 chefs d’entreprises, acteurs académiques, cluster, acteurs institutionnels… Diversifié, constitué d’entreprises solides, à taille humaine, avec des acteurs très pointus sur des marchés de niche, la filière numérique partage des valeurs humaines fortes, nourries par un attachement au territoire. Parmi ses atouts, un pouvoir d’attractivité et une belle dynamique enclenchée avec le Cluster Pays Basque digital et la récente labellisation French Tech.  Mais le manque de vision stratégique et de visibilité de la filière, face à la concurrence d’autres bassins dynamiques comme Bordeaux et Toulouse peuvent peser sur ce secteur au potentiel ressenti comme fort mais encore sous exploité. L’écosystème numérique au Pays Basque apparaît aujourd’hui comme étant à la croisée des chemins, avec la volonté partagée d’enclencher un nouveau cycle : entre cultiver un numérique local et accueillir des champions nationaux, attirer des talents et les conserver, définir un positionnement collectif, renforcer l’existant ou se transformer.  Autant de questions et d’enjeux soulevés par l’enquête.

L’événement du 12 juillet a surtout été un moment de réflexions partagées. Des ateliers collaboratifs ont permis de poser les objectifs du numérique de demain au Pays Basque et de faire émerger des projets pour y répondre. Ce travail collectif se poursuivra afin de nourrir la feuille de route du numérique élaborée par la Communauté Pays Basque. Attendue au cours du 1er semestre 2022, elle déterminera les projets et actions à mener pour accompagner les acteurs économiques et académiques dans leur développement et faire du Pays Basque une terre du numérique attractive, compétitive tout en valorisant ce qui en fait sa force.

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