L’écosystème Technocité en pleine croissance

Compositadour, extension pour l’Usine du Futur

A Technocité, Compositadour est la plateforme technologique spécialisée dans les procédés avancés : composites, robotique et fabrication additive. Véritable terrain d'expérimentation des technologies numériques et robotiques de l'Usine du Futur (ou Usine 4.0), elle propose des équipements de pointe et mobilise son réseau de compétences, issues de laboratoires, de PME et de grands groupes industriels pour développer des projets innovants. Pas moins d’une cinquantaine aujourd’hui, à destination des secteurs aéronautique et spatial, ou encore celui du transport de fluide dans l’industrie pétrolière.

Une nouvelle extension de 600 m² a récemment ouvert, hébergeant des équipements de pointe en robotique mobile et cobotique. Elle accueille depuis peu un nouveau procédé de fabrication : le thermoformage de matières thermoplastiques, grâce à une nouvelle machine, une presse d’estampage. L’investissement s’élève à près d’un million d’euros, financés pour moitié par la Région et la Communauté d’Agglomération Pays Basque et pour l’autre moitié en fonds propres par l’ESTIA et la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) Bayonne Pays Basque. Il n’en existe qu’une petite dizaine en France, dont seulement 3 de cette taille, et une cinquantaine dans le monde !

« Cette nouvelle ligne d’estampage permet de nous diversifier et de réduire fortement les temps de fabrication afin d’atteindre le marché de l’automobile et les grandes cadences de production, explique Simon Deseur, responsable du pôle composites de Compositadour. Plus que des prototypes, elle est en capacité de réaliser des preuves de concept afin de faire du transfert de technologie vers nos partenaires industriels et nos clients. Nous ouvrons ainsi des verrous technologiques pour que les industriels n’aient pas à le faire ! »

Addimadour, pionnière en fabrication additive

©R.Lajusticia 

Petite sœur de Compositadour, la plateforme Addimadour, spécialisée dans la fabrication additive métallique, s’est-elle aussi dotée d’un équipement qui bouleverse les règles de conception. « Il s’agit d’une tête à fil laser montée sur un robot qui permet de fendre du fil métallique afin d’élargir l’éventail des technologies de fabrication additive métal grandes dimensions, explique Anaïs Domergue, ingénieur d’études sur la plateforme. Nous devenons ainsi la première structure française à installer cette tête sur un bras robot multi-axes. Grâce à cet équipement, le pôle fabrication additive pourra réaliser des pièces de petites et grandes dimensions avec une plus grande précision de travail. Plus flexible sur le plan géométrique, il sert à fabriquer des pièces métalliques, des démonstrateurs, à destination des industriels aéronautiques. » Coût de l’investissement : près de 150 000 €.

Addimadour poursuit ainsi son ambition d’accompagner les TPE et PME vers de nouveaux procédés de fabrication

Chez Pika, investissements et embauches

Spécialiste de la découpe tous matériaux depuis plus de vingt ans, la société Pika s’est installée il y a huit ans à Technocité. Comme une évidence pour ce sous-traitant aéronautique. « Pour nous, c’est une aubaine incroyable d’avoir Compositadour en face de notre entreprise, souligne son PDG Patrick Orhategaray. Le travail quotidien avec la plateforme, c’est la raison d’être de notre présence à Technocité, en termes de prototypage, de conseil, de choix de matériaux, de partage de connaissances et d’outils… »

Partenaire historique de Dassault, Pika travaille sur des produits d’isolation phonique pour le Falcon et surfe sur la montée en puissance des ventes du Rafale à l’étranger. En découpant notamment des pièces en titane et en fabriquant d’autres en composite pour l’avion de combat. « Le carnet de commandes, qui s’étale sur 5 à 10 ans, est énorme et les cadences ont été multipliées par deux, puis par trois. En cascade, cela nous donne beaucoup de travail : notre entreprise emploie une quarantaine de personnes, mais pour accompagner l’augmentation de notre activité Rafale, nous allons procéder à une dizaine d’embauches ». Dans le même temps, l’entreprise basque investit près d’1,5 M€ dans de nouvelles machines. « Avec nos outils, à l’image de notre ligne d’assemblage de structures composites et métalliques complexes, nous avons la capacité de répondre à tous les besoins de découpe des grands donneurs d’ordre, Dassault bien sûr, mais aussi des groupes du BTP, du ferroviaire, du nautisme… »

Exemples de cette diversification, Pika, qui réalise 5 M€ de chiffre d’affaires, fabrique des arçons connectés pour les selles de cheval du groupe Voltaire, son voisin de la technopole Izarbel, travaille aussi sur un drone autonome pour une société bordelaise… et réalise 100 000 panneaux de signalisation par an !

Lynxter voit grand et vite !

Technocité, c’est aussi une pépinière d’entreprises de 2 300 m² aménagée et gérée par la Communauté Pays Basque, forte de 600 m² d’ateliers, 700 m² de bureaux, une salle de conférences de 100 places, des espaces mutualisés – pour l’accueil d’entreprises d’ingénierie ou de production de l’aéronautique, des systèmes embarqués, de la robotique, de l’instrumentation technique et des composites.

Parmi la dizaine d’entreprises présentes, Lynxter fait figure de modèle de réussite. « Depuis 2017, nous avons réalisé 110 % de croissance en moyenne tous les ans, se félicite Thomas Batigne, l’un des trois co-fondateurs de la start-up spécialisée dans la fabrication d’imprimantes 3D. « Après avoir levé 1,5 M€ à nos débuts, poursuit-il, nous préparons notre nouvelle levée de fonds, beaucoup plus importante, qui va permettre d’accompagner notre développement commercial à l’international et d’aller vite ! »

Et pour répondre à cette demande, la start-up prévoit de s'installer dans un nouveau bâtiment. « Cela nous permettra de monter en cadence en termes de production de machines, pour coller avec l’engagement de nos distributeurs en Europe, aux Etats-Unis et au Canada ».

L’heure est donc à l’embauche. Lynxter, qui emploie aujourd’hui une trentaine de personnes, ambitionne d’en compter une quarantaine d’ici fin 2022, puis une cinquantaine à l’horizon 2023 à son installation dans ses nouveaux locaux. Le site peut en accueillir une centaine…

En cours de qualification « deeptech », la start-up concentre aussi ses efforts sur la R&D et lance des projets collaboratifs avec des laboratoires et des centres de transfert technologique.

Outercraft, concepteur de synergies

La pépinière d’entreprises de Technocité est aussi le théâtre de collaborations fructueuses. Celle entre Outercraft, l’agence de design industriel et de prototypage, et DAB Motors, le fabricant de motos de micro-série personnalisables en ligne, est reconnu en France et au-delà. Comme le souligne le directeur d’Outercraft Florian Auger : « Nous avons été récompensés par de nombreux de prix de design sur des projets menés, entre autres, avec DAB Motors pour un concept de moto électrique : un label Janus, remis par l’Institut Français du Design, le prestigieux Red Dot Design Award en Allemagne et un Design Intelligence Award en Chine. »

« Mais nous avons aussi travaillé avec Lynxter, Wave Bumper, nous collaborons souvent avec Compositadour et Addimadour, nous sommes à la fois clients et fournisseurs chez Pika… Nous profitons pleinement de cet écosystème, qui se prête aux synergies. » Outercraft entame une mission avec un bureau d’études aéronautique et mécanique de Bidart.

Adaxis, Jeune entreprise innovante

Il s’agit presque d’un retour aux sources… Installée à Technocité depuis février, Adaxis est une jeune start-up dont le développement doit beaucoup à des années de recherche menées à Addimadour. Issue d’un projet collaboratif européen, elle propose aux industriels de nouvelles méthodes de production grâce à un logiciel qui permet de pouvoir exploiter très facilement l’impression 3D robotisée.

« En combinant les deux, explique Henri Bernard, cofondateur avec Guénolé Bras, cela nous permet de fabriquer des pièces de grande dimension, dans n’importe quel matériau, sur des pièces de forme complexe, avec des applications possibles dans l’aéronautique, l’aérospatial, l’automobile et le transport en général… » La société a levé 1 M€ fin 2021 et transformé l’essai en début d’année en figurant parmi les dix lauréats des Ateliers de l’Innovation de la Communauté Pays Basque. Désignée deep tech et Jeune entreprise innovante par Bpifrance, Adaxis a trouvé à Technocité l’environnement idéal pour ses projets collaboratifs. « Nous installer ici était une évidence, indique Henri Bernard. Nous sommes issus de l’écosystème Estia, donc proches des entreprises et de l’écosystème de Technocité, qui se distingue par son accompagnement et sa qualité de services. Nous travaillons avec Lynxter sur des projets à long terme. Ses produits sont compatibles avec le nôtre : à eux la fourniture de machines, à nous celle des logiciels. On a la même volonté, la même approche et la même ambition ! Outercraft nous aide de son côté à définir notre image de marque. » Addimadour utilise aujourd’hui le logiciel de génération de trajectoire d’Adaxis pour la programmation de ses robots.

Forte de ses « pépites », Technocité continue sa croissance avec divers projets, dont celui de la construction de la plateforme technologique Turbolab sur les propulsions hybrides innovantes, sous maitrise d’ouvrage de l’Agglomération en lien avec Pays Basque Industries et Akira Technologies. Turbolab associera un banc d’essai évolutif et un espace dédié à la formation et la recherche, à des locaux pour accueillir des entreprises et des start-ups. L’objectif est de créer un laboratoire commun avec l’ESTIA labellisé ENT…