Cap sur l’apprentissage et l’alternance
Des formations du CAP au Bac +5
Longtemps considérée à tort comme une voie réservée aux jeunes en difficultés scolaires, l’apprentissage a aujourd’hui le vent en poupe. La filière s’est profondément modifiée, s’imposant comme une formation de grande qualité. Ouvert aux jeunes de 15 à 30 ans, l’apprentissage offre aujourd’hui un accès à quasiment tous les diplômes, du CAP au Bac +5, dans de nombreux secteurs d’activités.
Si les métiers de l’artisanat, des services ou du bâtiment restent d’importants bassins d’apprentis, ce sont bien les formations après le bac, notamment les BTS, les licences et les master qui tirent leur épingle du jeu. « Les mentalités ont évolué sur l’apprentissage, qui se positionne comme une voie d’excellence vers l’emploi. L’apprentissage se développe d’ailleurs énormément dans le supérieur », confirme Karine Laplace, du collectif des CFA 64.
Et ces formations attirent souvent les meilleurs éléments, dotés d’une forte capacité de travail pour tenir le rythme exigeant d’alternance entre périodes en entreprise et cours dans l’établissement de formation (CFA, école supérieure, université…). Des profils intéressants pour les entreprises qui les accueillent.
Un réel bénéfice pour les entreprises
Si l’apprentissage séduit de plus en plus de jeunes, la formule est également intéressante pour les entreprises. Certes, l’apprentissage représente un investissement, notamment en temps passé à former et accompagner l’étudiant, mais il constitue également une opportunité pour mobiliser une équipe autour de la transmission des savoir-faire et des connaissances. L’accueil d’un apprenti, en particulier sur des formations post-bac, permet également d’avoir un regard neuf sur l’entreprise ou d’engager des projets sur des thématiques dans lesquelles les « millenials » sont particulièrement à l’aise, comme le numérique ou les réseaux sociaux. C’est enfin l’opportunité de former un jeune talent aux méthodes et valeurs de l’entreprise, dans l’optique de renforcer les équipes.
Des engagements… et des droits
L’apprentissage ou l’alternance repose sur un contrat de travail passé entre un jeune inscrit dans un CFA et l’entreprise qui l’accueille. L’apprenti ou l’alternant est donc un salarié de l’entreprise, assujetti aux mêmes règles concernant le temps de travail ou les congés payés. Il reçoit une rémunération correspondant à un pourcentage du smic calculé selon son âge, sa situation et sa qualification.
La réforme sur l’apprentissage a assoupli quelques règles relatives au contrat d’apprentissage. Il peut désormais être conclu à n’importe quel moment, ce qui permet à un jeune de rejoindre une formation en cours d’année. La réglementation des horaires et du temps de travail des apprentis mineurs a également été allégée pour mieux coller aux exigences de certains secteurs. Enfin, le contrat peut être plus facilement rompu par l’employeur ou l’apprenti au delà des 45 jours initialement prévus dans le contrat. Désormais, l’employer peut y mettre un terme d’un commun accord avec l’apprenti mais aussi pour faute grave ou inaptitude et en cas de force majeure ou d’exclusion définitive du CFA. L’apprenti de son côté peut mettre fin à son contrat, après avoir respecté un préavis et saisi un médiateur nommé par la chambre consulaire.
De nouvelles aides pour l’entreprise
Alors que la crise du Covid-19 a fragilisé l’économie, le ministère du Travail a annoncé le 4 juin dernier un plan de relance pour maintenir la dynamique de l’apprentissage, qui avait enregistré une hausse de 16% au niveau national en 2019 par rapport à l’année précédente (et 10,2% en Nouvelle-Aquitaine). Parmi les mesures les plus importantes, le versement d’une aide exceptionnelle aux employeurs qui recruteront un apprenti entre le 1er juillet 2020 et le 28 février 2021. Le montant de cette prime sera de 5 000 euros pour l’embauche d’alternants de moins de 18 ans ou de 8 000 euros pour les alternants majeurs préparant un diplôme jusqu’à la licence professionnelle (bac+3). Elle sera versée sans condition dans les entreprises de moins de 250 salariés. Concrètement, la mesure devrait permettre de réduire à peau de chagrin le reste à charge de l’entreprise pour le recrutement d’un salarié en contrat d’apprentissage. Cette aide exceptionnelle remplacera l’aide unique à l’apprentissage, réservée aux entreprises de moins de 250 salariés pour des contrats de niveau équivalent ou supérieur au bac, qui s’élève à 4125 euros la première année du contrat. A noter que pour les années suivantes, les employeurs pourront bénéficier de l’aide unique, dont le montant est de 2000 euros pour la deuxième année et 1200 euros pour la troisième.
Témoignages
Nicolas Olano, PDG du Groupe Olano (Saint Jean de Luz)
Transporteur et logisticien d’envergure internationale, le groupe Olano accueille régulièrement des apprentis. Mieux, le groupe, qui compte 2500 salariés, a lancé en octobre 2014 la OLANO Academy, en partenariat avec l’école ISTELI de Toulouse (membre du réseau AFTRAL, spécialiste de la formation dans le secteur du transport). Cette école en interne forme chaque année une douzaine de jeunes de moins de 30 ans au Diplôme de « Technicien Supérieur en Transport et Logistique » (BAC+2), via un contrat de professionnalisation d’ 1 an, avec un emploi à la clé. « Ce dispositif a beaucoup de succès. Nous faisons une sélection importante à l’entrée », confie Nicolas Olano, PDG et fondateur du groupe. « L’apprentissage est le relais essentiel entre l’école et l’entreprise. Pour des jeunes qui n’ont pas trouvé leur équilibre dans le scolaire, c’est une voie à privilégier. Et pour l’entreprise, cela permet de former sur le terrain puis de recruter des jeunes avec du vécu et une expérience. Il est donc très important d’aider les entreprises qui s’engagent dans l’apprentissage ».
Fanny Ringrave, directrice des Opérations de WOO (Anglet)
Fondée en 2009, WOO est l’un des leaders et spécialistes la conception de pirogues hawaïennes, fabriquées dans son atelier d’Anglet. L’entreprise, qui compte sept salariés, s’apprête à recruter un étudiant en Master pour une alternance de deux ans sur une fonction commerciale. « Nous finalisons le recrutement d’un apprenti spécialisé dans la commercialisation d’articles de sport. Nous avons préféré l’apprentissage car nous allons lui confier une mission importante de prospection. ». Tournée vers un profil de Master, l’entreprise ne bénéficiera pas d’aide pour ce recrutement. « Cela représente un coût important pour nous. Notre OPCO prend en charge la majorité des frais de scolarité mais nous avons une partie a financer, ainsi que le salaire sur deux ans. C’est assez lourd mais ce qui nous intéresse, c’est que la personne puisse mettre en place un projet et le suivre sur un temps long. De plus, si l’apprenti est performant et veut rester, nous pourrions ensuite le recruter, sachant qu’il sera formé aux spécificités de notre métier si particulier. D’ailleurs, notre commercial et notre ingénieur R&D ont commencé par un stage ici. On fonctionne en équipe et on veut grandir ensemble. »
Le savez-vous ?
Vu la récente réforme de l’apprentissage, plusieurs établissements du territoire étudient la possibilité de créer des formations en alternance. D’ores et déjà, plusieurs acteurs du territoire sont déjà engagés dans l’apprentissage. En voici quelques-uns :
Le CFA de la Communauté Pays Basque place Paul-Bert Bayonne
Le CFA agricole d’Hasparren - Route de Cambo, 64240 Hasparren
L’Université de Métiers de la CMA - 25 Boulevard d'Aritxague, 64100 Bayonne
L’UPPA - 8 Allée des Platanes 64100 BAYONNE