De la crise à l’après, trois entreprises témoignent
La crise économique et sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a bouleversé le quotidien des entreprises du Pays Basque. Entre réorganisation, recours aux dispositifs d’aide et détermination, trois d’entre elles nous parlent de cette année inédite et de leurs ambitions pour l’avenir.
Tekniaero saisit les opportunités pour rebondir
Sous-traitant de l’industrie aéronautique, fabricant de pièces pour des avions de séries, Tekniaero est parvenu à traverser les turbulences de cette année particulièrement compliquée pour le secteur. « La crise est arrivée dans notre 4ème année d’existence. C’est moins grave car nous avions déjà passé les étapes importances de la création d’une entreprise. Un an plus tôt, le Covid nous aurait achevé », constate Stéphane Azcué, dirigeant de Tekniaero, société implantée sur le site technopolitain Technocité de Bayonne. « Lorsque le confinement a été décrété, nous étions dans une dynamique de croissance forte, avec plusieurs recrutements et une dizaine de personnes en intérim, que nous souhaitions contractualiser. Nous avons dû réduire le nombre d’intérimaires et recourir au chômage partiel. Après avoir fermé pendant un mois le temps de mettre en œuvre les normes sanitaires, nous avons instauré une journée continue et un temps de travail de 30 heures par semaine, complété par 5 heures de chômage partiel. Cela nous a permis d’alléger la structure et d’étaler dans le temps nos commandes, ce que nos clients ont accepté ».
Dès le mois d’avril, Tekniaero a sollicité un report de six mois de ses emprunts et contracté un premier PGE, suivi d’un second en fin d’année. De quoi poursuivre son activité et investir dans l’avenir, en recrutant plusieurs alternants dès le mois de septembre. « Nous accordons beaucoup d’importance à la formation. Aujourd’hui, nous avons 35% d’alternants chez Tekniaero. C’est important car nous savons qu’il y aura une reprise. Si nous ne formons pas dès aujourd’hui les collaborateurs de demain, chaudronniers, usineurs, soudeurs aéronautiques, nous allons être en situation de tension ».
L’entreprise parie également sur son développement, en saisissant les opportunités offertes par le plan de relance. « Nous n’avons pas été assez rapides pour nous positionner sur le premier appel à projet, mais nous travaillons activement à un dossier à présenter début 2021, afin de bénéficier du plan de relance. Nous portons un projet de diversification et d’extension de nos capacités de production ». Si, à l’origine, Tekniaero envisageait cette nouvelle étape dans les trois ans à venir, le plan de relance pourrait lui donner un coup d’accélérateur. « Cette diversification métier est attendue de nos clients. Elle offre aussi de belles perspectives de formation et d’emploi pour l’entreprise », souligne Stéphane Azcué, qui espère passer d’une trentaine de collaborateurs à une soixantaine d’ici deux à trois ans.
Vracoop poursuit son développement
Née en 2017 au sein de l’incubateur ESTIA, implanté sur Izarbel à Bidart, la jeune pousse Vracoop développe des solutions pour faciliter la vente de produits en vrac. Ses produits phares ? Des caisses enregistreuses avec un ingénieux système de tare intégrée mais aussi des silos et des bacs à vrac éco-conçus. Pionnière du vrac en France, qui ne comptait que 15 épiceries en France aux débuts de l’entreprise (contre 250 en 2020 et le double à horizon 2021), Vracoop surfe sur un mouvement en pleine expansion, qu’elle entend accompagner. Autant dire que l’année 2020 n’a pas freiné l’activité de cette jeune pousse désormais hébergée à la pépinière Créaluz, dans la zone de Jalday de Saint-Jean-de-Luz. « Nous avons enregistré une belle progression malgré le confinement, constate Charlotte Teixido, chargée du développement d’affaires chez Vracoop. Bien sûr, l’entreprise sociale et solidaire a été impactée par la crise sanitaire, mais cela s’est essentiellement traduit par des décalages de commande. « Nous avons été à l’arrêt pendant les deux mois du premier confinement mais l’activité est bien repartie par la suite. Nous avons pu mettre en place le chômage partiel en avril et en mai, mais cela n’a pas été nécessaire lors du deuxième confinement, où nous avons travaillé à plein temps ». Et pour cause, les épiceries vrac faisant partie des commerces essentiels. « Nous avons même équipé trois épiceries qui ont ouvert pendant le deuxième confinement », précise Charlotte Teixido.
Pour combler la plongée du chiffre d’affaires au deuxième trimestre, Vracoop a bénéficié d’un PGE. « Ce prêt a joué le rôle d’amortisseur, de tampon qui nous a permis de continuer notre développement. Au 1er novembre, nous avons fait deux recrutements et nous en avons prévu un troisième début janvier 2021. Nous avons aussi avancé sur de nouvelles solutions, comme le clic & collect qui a décollé cette année. Le marché du vrac est en pleine expansion. Notre ambition est de développer d’autres solutions pour apporter notre pierre à l’édifice de la réduction des déchets ».
Solikend fait évoluer son offre
Start-up hébergée à la pépinière de la technopole Izarbel de Bidart, Solikend était en plein décollage quand la crise du Covid-19 a stoppé net son activité. Il faut dire que l’entreprise sociale et solidaire, porteuse d’un concept inédit de réservation de nuits d’hôtels au profit d’associations caritatives, a subi de plein fouet l’effondrement de l’activité hôtelière. « C’est arrivé au pire moment de notre développement », raconte Yoann Mangin, gérant de Solikend. Alors que la plateforme web de nuitées solidaires était de plus en plus remarquée (lauréate des palmes du tourisme durable et du concours Digital InPulse) et que le portefeuille d’hôtels partenaires se faisait de plus en plus solide (120 établissements en France à ce jour), la jeune pousse a du ralentir ses activités dès le mois de mars. « Nous avons réduit autant que possible les dépenses et les frais de fonctionnement pour passer le cap ».
Si Solikend, dans sa première année d’activité, n’était pas éligible au PGE, en l’absence de chiffre d’affaire l’année précédente, elle a toutefois pu trouver un soutien avec le fonds TPE Nouvelle Aquitaine, financé par la Région et la Communauté Pays Basque. « Nous avons pu obtenir un prêt à taux zéro qui nous a aidé à financer les dépenses nécessaires à la relance de l’activité : le recrutement d’une personne polyvalente et le développement de notre plateforme web », ajoute Yoann Magnin. Un coup de pouce financier qui a permis à Solikend de travailler à de nouvelles offres orientées BtoB (comités d’entreprises, cadeaux incentive des entreprises, pot de départ des salariés…), qui seront lancées début 2021. « Nous avons fait des choix stratégiques forts, en l’absence de clientèle grand public. L’année 2021 nous permettra de déployer ces nouvelles offres, en espérant que le contexte soit plus favorable ». En attendant, Solikend fait partie des 10 entreprises (sur 186 candidats) sélectionnées en octobre par Atout France dans le cadre de l’appel à projets « Solutions touristiques innovantes post épidémie Covid-19 ».
Un bon présage…