Entreprise à impact, Tech For Good, une nécessaire transition
En 2020, 99,4 % des actionnaires de Danone approuvaient la transformation du groupe en société à mission, faisant du géant de l’agroalimentaire la première multinationale française cotée en bourse à être dotée d’une « raison d’être » associée à d’ambitieux objectifs sociaux, sociétaux et environnementaux. Un an plus tard, le mouvement engagé s’est poursuivi, le groupe annonçant en février 2022 la certification BCorp* de ses marques françaises et un objectif de certification de toutes les entités au niveau mondial d'ici 2025.
Ce cas est un exemple marquant des profondes transformations que connaissent les entreprises et des problématiques qu’elles engendrent, entre recherche de rentabilité économique et vocation d’intérêt général.
Car le modèle jusqu’ici majoritairement admis pour les entreprises, celui d’une recherche de rentabilité financière, de la productivité et des profits comme horizon, est battu en brèche par la prise de conscience universelle des enjeux du développement durable. En témoignent les prises de paroles critiques d’étudiants lors des remises de diplôme de grandes écoles (AgroParisTech, HEC, Polytechnique), mais aussi les sondages sur les attentes des salariés (81% des cadres sont favorables à l'idée de soumettre les aides aux entreprises au respect de normes environnementales selon un sondage Ifop pour Cadremploi en février 2022 ; 67% des personnes interrogées refuseraient un emploi si l’activité de l’entreprise était contraire à leur éthique selon un sondage de mars 2022 réalisé par le cabinet Robert Half).
Impact positif
Face à ces enjeux et ces attentes, les entreprises évoluent de plus en plus en intégrant la notion d’impact positif. Un mouvement largement diffusé au sein des entreprises innovantes, qui s’inscrit notamment sous la bannière de la « Tech For Good », dont l’objectif est de replacer les impacts sociaux et environnementaux au cœur des activités comme des innovations. « Il s’agit de prendre la question des enjeux sociaux et environnementaux comme un levier pour innover avec du bon sens, créer de la valeur et des avantages concurrentiels. C’est une logique de bon sens », explique Vincent Collet,
fondateur de l’agence d’éco-innovation Think+, basée sur le site technopolitain Crealuz. Une logique qui repose notamment sur l’éco-innovation et l’éco-conception « Ce sont des approches pragmatiques. En adoptant une vision par le cycle de vie du produit, on aborde de nombreux sujets transversaux : les matières premières, l’approvisionnement et le transport, la logistique, les process de fabrication, l’utilisation et la fin de vie. Et cela s’adresse à tous types d’entreprises ».
En effet, les entreprises seront de plus en plus confrontées aux réflexions stratégiques profondes ainsi qu’à des évolutions structurelles de leur Business Modèles pour la mise en place d’une démarche d’éco-conception. Un article publié par l’ADEME en mars 2022 confirme les enjeux des entreprises dans la gestion des risques, la maîtrise des coûts, l’accroissement des ventes et la fédération des équipes. L’ADEME confirme également l’éco-conception comme « une démarche créative, source d’innovation et de différenciation » permettant aux dirigeants créer la valeur à l’entreprise, aux clients avec des produits innovants toute en diminuant leur impact environnementale.
Initiatives basques
Cette démarche infuse d’ailleurs l’ensemble des domaines d’activités stratégiques couverts par la Technopole Pays Basque. Si Crealuz, la pépinière de la Communauté Pays Basque dédiée à l’éco-conception et l’Economie Bleue, en est la figure de proue, l’innovation à impact est aussi largement mis en œuvre sur les autres sites technopolitains. Sur le site Technocité de Bayonne, la future plateforme TURBOLAB consacrée aux Propulsions hybrides innovantes, va permettre de tester et développer les nouvelles motorisations hybrides, à carburant alternatif et à propulsion électrique, tout en associant un ingénieux système de récupération de l’énergie sous forme de chaleur pour alimenter le site et les entreprises voisines en autoconsommation collective d’électricité. À Izarbel, la French Tech Pays Basque, très engagée sur ces questions, a organisé en octobre dernier la première édition de « Mon innovation, mon territoire », événement dédié à l’innovation à impact positif. De même, ESTIA Entreprendre a lancé en 2021-2022 « start-up impact », un programme d’incubation des entreprises technologiques de la transition socio-écologique et proposé en décembre « Bask Impact », une déclinaison de BaskInvest permettant aux start-ups de tisser des liens avec des financeurs à impact.
À Arkinova, le site technopolitain dédié à la construction durable, les initiatives se multiplient en faveur de l’éco-innovation, de la chaire Constru’terr qui cherche à valoriser la terre crue comme matériau de construction aux innovations de start-ups comme Tikoam, qui développe des cloisons-meubles évolutives upcyclées ou Arrosia, qui met au point un matériau issu de la résine de pin en alternative aux polymères pétrochimiques. Ces deux jeunes pousses hébergées au Générateur d’Activités Arkinova font d’ailleurs partie des lauréats du premier appel à projets Éco-innovation, lancé en 2021 par la Communauté Pays Basque. Là n’est pas la seule initiative de l’Agglomération en faveur de la tech for good. En effet, un dispositif inédit de sensibilisation et d’accompagnement 0 L42CO6CONCEPTION des entreprises productives (artisanat et industrie), les Master Class éco-innovation ont été proposées en 2021 à Créaluz, et suivies par une dizaine d’entreprises de toutes tailles et d’horizons divers. Essentielles pour sensibiliser, soutenir et accompagner les entreprises souhaitant s’engager dans la transition écologique, ces deux initiatives sont reconduites en 2022.